Haku Gyakusetsu Professeur
Nombre de messages : 302 Age : 42 Date d'inscription : 24/01/2009
| Sujet: Thème n°0: Les 7 péchés capitaux Lun 10 Mar - 10:33 | |
| Chers élèves, cher corps professoral, je parle ici d'un thème 0 car la publication arrivera bientôt à son terme. Je propose donc ce thème aux plus inspirés. Sachez qu'ici, vous n'aurez pas un délai de 1 mois - 1mois et demi, mais de deux semaines tout au plus avant le changement de thème. Néanmoins, je ne souhaite pas priver les plus inspirés de ce thème. Je vous le propose donc tout de même. Je posterai ici les textes que j'aurais reçu, sans aucun signe ni indice de son auteur et laisserai nos membres juges. Pour rappelle: Conditions du concoursA vos claviers. - Texte 1:
Les sept piliers de mon existence. Paresseux, je peine à ouvrir les yeux. Je me retourne, me camoufle, je grommelle, me redresse, m'étire, stagne et je me lève. Je me traine jusqu'à la douche, profite de l'écoulement langoureux le long de ma peau et lorsque je reviens, il est toujours là, à moitié couvert par les draps.
Gourmand, je grimpe sur le lit et marche vers lui en me léchant les babines, regard avide sur sa nuque exposée. Je me penche, la hume, la lèche, y croque et je m'éloigne pour le laisser se retourner vers moi, il sait que ce n'est que le début du repas.
Orgueilleux, je me redresse et je le toise. Regard supérieur, sourire insolent, je suis l'être désiré de tous, et lui n'est rien de plus qu'un esclave parmi tant, juste un inférieur dépendant de ma personne qui n'attend que d'être enivré de ma présence et qui me nourrira, moi.
Avare, je m'empare de la récompense de notre marché, mais j'en demande d'avantage, ça ne suffira pas à me comblé. Il conteste, je m'entête, il mugit, je négocie, il hésite, je persiste, et je fini par me jeter sur lui pour clore notre accord, vainqueur.
Luxurieux, je l'embrasse, je le dévore, je parcours les recoins les plus susceptibles de son corps, je le domine un moment, puis je m'assagis, complaisant. Il se noie dans mes orbes, je me délecte de ses fausses résignations, j'appréhende la riposte et frémis quand il décide d'une révolution. Il me renverse et me capture, je résiste pour la forme et je jure. Il aime ça et je le sais, je suis un démon joueur et lui mon tout dévoué. Amusé par ses blâmes, je me calme, je me fais voluptueux et le laisse disposer de ma chair, fier et sans regret, je m'abandonne à ses excès...
Mon corps en éveil me procurent des voyages sans pareil, chaleurs fiévreuses et frissons tenaces, sous ses doigts je me détache du monde, je fond et je m'efface. J'ondoie, tous mes sens sont en émois, je griffe, lascif, le délice se fait supplice! Il danse, je chante, je m'exaspère, il accélère, il m'inonde! Je succombe.
C'est la fin, il est rassasié, il ne tarde pas à me quitter. Je juge mes gains, rictus satisfait, me repose un peu et j'y vais. Dehors, je me ballade, je me félicite, je suis si bon! Cette nuit encore est une réussite. Mais je jette un œil aux environs. J'observe, je songe, je m'isole, et loin des attentions, malgré moi... je me désole.
Envieux, je les observe. Les autres, ceux qui défilent, insouciants et heureux imbéciles. Mon regard les assaille, neutre et pesant, je les dévore des yeux, je vampirise leur bonheur apparent. Je les jalouse, ceux qui ne manquent de rien, dont les amours éloignent les faims. Je les méprise, ceux qui se laissent charmer par mes sourires, ceux qui m'admirent et me chérissent, mais refuse de me tenir la main. Je quitte ma place et m'engouffre dans les ténèbres, là où je pourrais cracher mon venin.
Coléreux, je cogne. Je manipule et je domine, je suis l'icône qui fascine, mais les doutes et les amertumes me consument, toujours! Que suis je vraiment sinon le gibier pitoyable de voraces vautours?... Jamais repus, jamais comblé, le manque et la rancœur reviennent incessamment me ronger! Je ne suis que le roi d'un monde imaginaire, le souverain d'asservis qui ne me reconnaissent pas comme tel! J'essaie de me satisfaire en me persuadant du contraire, croire en mes propres dogmes, mais la réalité me rappelle : je ne suis pas un dieu... seulement un homme.
J'ai beau dormir, je suis fatigué. J'ai beau me nourrir, je suis affamé. J'ai beau me grandir, je reste diminué, j'ai beau m'enrichir, je reste ruiné, j'ai beau séduire, je demeure esseulé!!! J'ai beau me faire entretenir, je meurs de désir. J'ai beau me déverser, le chagrin refuse de me quitter...
Je suis épuisé. Il est l'heure pour moi d'aller me coucher, il me faudra être en forme pour me perdre encore dans le péché.
C'est finalement ma seule manière d'exister.
- Texte 2:
L'art de se consumer La nuit passait, ineffable amie des ombres naturelles et humaines, couvrant de son voile obscur les yeux des êtres qui parcouraient son monde. Assis sur le rebord d’une fenêtre, perché au vingtième étage d’un immeuble vétuste, une silhouette se détache en contre-jour de la lumière diffuse éclairant la pièce derrière son dos où sont entassées de nombreuses toiles, certaines restant inachevées et délaissées dans un coin de la petite pièce qui lui sert de séjour. Posée près du chevalet où une énième toile attend ses coups de pinceaux, sa tablette de couleur à moitié usée sèche lentement. Elle jette un regard sur la toile qui semble le narguer de la suffisance de son immaculée blancheur. Elle descend de son perchoir avec lenteur et se rassoit devant le tableau entièrement blanc, prend le pinceau et commence alors à poser ses aplats, ses ombres, ses couleurs… Ses péchés.
Sous ses caresses, le corps d’une femme finit par ressortir de la blancheur irritante de la toile. Les yeux mi-clos, alanguie telle une algue caressée par le reflux des marées, elle semble s’abandonner sous les mains expertes de l’artiste qui lui donne chair, perle noire sur un sable blanc aujourd’hui oublié. Ses cheveux, attachés de manière fantasque, cachent en leur étreinte d’encre un diadème de diamants, léger et discret, qui rappelle la tunique au fils d’argents qui recouvrent le corps de la créature, voile fin dont la transparence brumeuse laisse tout loisir aux appétits visuels.
Le pinceau s’attarde sur les yeux, y tremble même. Les iris sombres luisent sous une fausse lumière brûlante qui ne rend que plus étranges et fiévreuses ces deux orbes profondes et déterminées, assoiffées de désirs dansant sous les flammes du brasier allumé non loin d’elles. Un sourire enjôleur étire ses lèvres entrouvertes alors que la main passe au décor et aux accessoires, laissant un serpent vert comme l’émeraude enserrer l’un de ses bras, la tête posée docilement sur l’épaule de la jeune femme. Le pinceau finit d’apposer voiles colorés, coussins et murs blancs craquelés alors que d’un dernier trait il suggère un paysage désertique au travers d’une grande fenêtre, malgré la nuit tombée dans la fiction de la toile. L’artiste jette un coup d’œil par sa propre fenêtre. Ici aussi il fait nuit, et ici aussi il y a un désert… Là s’arrêtent les ressemblances.
Poussant un dernier soupir alors que sa main signe le tableau désormais fini, son corps se lève après avoir jeté un dernier coup d’œil à l’œuvre. La fatigue pèse sur ses membres à présent. Comme d’habitude. Se coulant sous les couettes de son lit après avoir éteint les lumières et enfilé autre chose que les vêtements tachés d’encre et de peinture, ses yeux se ferment, l’entraînant dans ses rêves.
Un poids sur le lit ramène l’artiste oublié à la réalité, ouvrant ses yeux. Ils rencontrent un regard sombre, chaud et magnétique et y plongent, aspirés. La jeune femme noire qui est là observe la jeune peintre en silence, caressant sa joue, la surplombant de tout son corps, les jambes de part et d’autre de la taille de l’humaine qui frissonne sous ses doigts. Un sourire amusé traverse ses lèvres avant qu’elle ne fonde sur celles de sa victime allongée sous elle, victime qui y répond sans contrainte, jetant ses bras autour du cou de l’apparition, la réclamant en silence. Supplique muette rapidement accordée alors que leurs mains découvrent le corps de l’autre avec impatience, jetant au loin leurs vêtements devenus trop encombrants, mélangeant leurs souffles et leurs cheveux, se fondant l’une dans l’autre à chaque baiser enflammé au goût d’épice et de feu.
Ni l’une ni l’autre ne fait attention au temps qui s’écoule. Ni à leurs corps qui s’effacent. Lorsqu’elles le remarquent enfin, elle se jettent dans leurs péchés avec d’autant plus de fureur, les larmes amères de la colère se combinant avec les morsures violentes de l’envie d’en avoir toujours plus alors que le silence de leur envie crève le bruit de la vie qui s’écoule au dehors. Elles ont faim l’une de l’autre, orgueilleuses de s’entraîner mutuellement dans une possession mortelle, se cambrant sous la luxure vorace de leurs corps avant de sombrer dans la paresse, enserrées l’une contre l’autre. Leurs corps se défont grain par grain, ne laissant entre les draps rien d’autre que du vide et des traces de sang.
Sur le chevalet, la toile est blanche.
Dernière édition par Haku Gyakusetsu le Jeu 13 Mar - 18:41, édité 1 fois | |
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